Corse
La Semaine Sainte donne lieu, à travers toute la
Corse à des cérémonies religieuses relatant
le temps pascal. Les plus remarquables sont les processions
des Jeudi-Saint et Vendredi-Saint, jours durant lesquels
de nombreuses villes et villages en commémorent les événements.
L'origine de la procession serait liée à l'arrivée
sur l'île au XIIIè siècle des moines
franciscains qui ont introduit les "chemins de croix" dans
la culture insulaire. Mais le véritable coup d'envoi
se situerait plutôt aux XIVè et XVè siècles.
La Corse était alors sous l'influence de l'Aragon
où étaient répandues les pratiques religieuses
pénitentielles.
De la fin du XIXe siècle au début du XXe,
les confréries sont florissantes, puis nombre d'entre
elles disparaissent. En 1957, Mgr Llosa, évêque
d'Ajaccio, promulgue une ordonnance destinée à les
réorganiser. Et Mgr Lacrampe, actuelle évêque
d'Ajaccio, leur donne une impulsion religieuse nouvelle.
De localités en localités
A Bonifacio
Ce sont les 5 confréries dont les membres marchent
en processions à travers la ville, empruntant des
routes différentes, pour se réunir dans l'église
paroissiale où ils reçoivent la bénédiction
de l'insigne relique de la Sainte Croix. Chaque confréries
porte statues de saints sur des châsses en bois, de
style baroque, qu'illuminent des flambeaux et des lanternes.
A Corte
Le Jeudi-Saint au soir, c'est la procession du "Christ
roi" , à travers les rues de la vieille ville
illuminée par les chandelles. A Erbalunga, près
de Bastia, le matin du Vendredi Saint, la procession de la "Cerca" se
déroule sur plus de 12 km s, d'église en église à travers
les hameaux de Brando. Le soir, les pénitents en cagoule
réalisent également "la Granitola".
Le Catenacciu
Mais c'est à Sartène que se déroule
la plus connue des processions du Vendredi-Saint. Un pénitent
enchaîné, portant une cagoule et chargé de
la croix, effectue, à travers la ville, sur un tracé tout
en pente, car la procession nocturne du "Catenacciu",
symbolise la montée du Christ au calvaire. Seul le
curé de la paroisse connaît l'identité du
pénitent. Vêtu d'une aube et d'une cagoule rouges,
il porte sur ses épaules une croix en chêne
massif de 34,5 kg et traîne une chaîne de 17
kg sanglée à sa cheville droite. Pendant deux
heures, suivant un parcours de près de deux kilomètres,
il incarne le Christ et refait son calvaire.
Trois jours avant, le pénitent s'est enfermé dans
une cellule monacale du couvent des Saints Come et Damien,
où il médite, lit la Bible et prie. Le Vendredi
saint à 21 h, le "catenacciu " (littéralement "homme
enchaîné") arrive à l'église
Sainte-Marie (Santa Maria Assunta), où les membres
de la confrérie le chargent de la croix et l'enchaînent
devant l'autel. A 21 h 30, la procession sort de l'église.
Les membres de la confrérie forment une haie d'honneur
et chantent sans interruption le vieux chant italien corsisant
de pénitence: "Perdono, mio Dio".
Comme le Christ, le "catenacciu" doit chûter
trois fois sur la route qui le mène au "Golgotha".
La première chute se déroule devant l'oratoire
Sainte-Anne, l'église paroissiale de Sartène
au XVIIIè siècle. Toute la ville récite
le "Notre Père" et le "Je vous salue
Marie" pendant que le pénitent reste couché sur
le sol.
La seconde chute s'effectue sur la place Porta, au pied
de l'église Sainte-Marie. A mi-parcours, le "catenacciu" est
soulagé de son fardeau par Simon de Cyrène,
un pénitent blanc, celui qui a aidé le Christ à porter
sa croix. Avant la troisième chute et le retour vers
Sainte-Marie, toute la procession fait une halte à l'église
Saint-Sébastien. Le "catenacciu" s'y recueille
et prie agenouillé devant l'autel, au pied duquel
se trouvent un Christ gisant et une Vierge drapée
de noir.
Après la troisième et dernière chute,
les pénitents rejoignent le parvis de l'église
paroissiale. Là, les pèlerins écoutent
le sermon et reçoivent la bénédiction
pascale. Puis tous regagnent l'église Sainte-Marie
pour s'y recueillir. Agenouillés ou couchés
devant le maître-autel, les pénitents devront
attendre que tous les pèlerins aient baisé un à un
le Christ gisant.
La cérémonie désormais close, on ramène
le "catenacciu" et Simon de Cyrène dans
leurs cellules. La foule mettra plus d'une heure à défiler
dans l'église.
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