Dans les familles juives, lors de la célébration
familiale du "séder" (ordre, déroulement)
de Pâque, le plus jeune présent est invité à poser
quatre questions rituelles, commençant par : "En
quoi cette nuit est-elle différente de toutes les
autres nuits ?".
Ces questions sont relatives aux différences entre
le repas de pâques et les autres repas : sur le pain
azyme (c'est à dire sans levain) ; sur les herbes
amères ; sur la manière d'assaisonner les légumes,
et d'être accoudés à table. Ces questions
ont pour but de permettre au père de famille d'accomplir
le commandement biblique lui enjoignant de raconter à son
fils la libération d'Israël de l'esclavage en
Egypte (Exode 13, 8 : "En ce jour-là, tu expliqueras à ton
fils, en disant : c'est à cause de ce que l'Eternel
a fait pour moi, lorsque je suis sorti d'Egypte").
Ainsi le repas de pâque n'est-il pas seulement une
coutume, une fête, mais aussi l'occasion d'une sorte
de catéchisme fondamental : "en quoi est-elle
différente ?" (mah nichtannah ? en hébreu)
qui forment ainsi les premiers mots de la Haggadah, littéralement
la narration, le récit de la pâque. "Par
la puissance de sa main, l'Eternel nous a fait sortir de
l'Egypte, de la maison de servitude" (Ex 13,14).
Et si nous osions parler avec nos enfants de notre foi,
des raisons de nos coutumes, des questions que nous posent
la vie ? Que souhaitons-nous transmettre à nos enfants
? La foi, avec ses doutes et ses espérances, fait-elle
partie de ces "bonne choses" qui nous tiennent à cœur,
et dont nous souhaiterions sinon convaincre, du moins informer
nos enfants ? : "Quelle différence entre cette
nuit et les autres nuits ?"
"Dis-moi pourquoi ?"
Dans "l'encyclopédie populaire des connaissances
liturgiques", selon le sous-titre de ce livre paru en
1930, "Liturgia", le P. Rouet de Journel reprend
ainsi toute la pédagogie des coutumes et des traditions
religieuses. Nous le citons à propos du chemin de
Croix : "Les tableaux des stations qui sont dans l'église
sont accessible à un enfant de quatre ans, si sa mère
les lui fait regarder et les lui décrit brièvement.
Elle a pour tâche de s'exprimer avec des mots tout
simples, les mêmes mots qu'à la maison, la piété,
la gratitude, le repentir, l'amour qu'elle sent dans le coeur
de son enfant ou qu'elle veut y mettre."
"Dis-moi pourquoi ?"
Durant les ténèbres de la période communiste,
bien des enfants des familles orthodoxes de Russie et des
autres républiques soviétiques ont ainsi conservé l'essentiel
des vérités de la foi par les icônes
que des parents ou grands parents leur décrivaient.
C'était une véritable connaissance religieuse
qui leur était ainsi transmise, par les explications
qu'ils entendaient, jusque dans les galeries des musées. "Dis-moi
pourquoi ces trois hommes sont assis autour d'une table ?
Dis-moi pourquoi cet homme est sur une croix ? Dis-moi pourquoi
il marche sur une croix en prenant la main des gens qui sont à ses
pieds ?"
"Dis-moi pourquoi ?"
Nous pourrions répondre à nos contemporains,
même si la question ne nous est pas directement posée,
le pourquoi de ces oeufs, le pourquoi de ces traditions.
Les paraboles du Christ ne sont pas faites de grandes dissertations,
mais du geste quotidien du ménage que l'on fait pour
retrouver la pièce perdue, du figuier mort dans le
jardin, des jeunes femmes qui ne peuvent garder leur lampe
allumée, des sarments que l'on doit émonder...
Bruno, sur l'ordinateur familial, aime à poser des
questions aux différents moteurs de recherche : "Pâques
? Chemin de croix ? Les oeufs en chocolat ? " Il a trouvé de
nombreuses, trop nombreuses références, mais
il était seul pour se faire un jugement sur les affirmations
qu'il y a reçues. Vous trouverez par ailleurs un des
textes qui lui posa problème, si cela peut vous intéresser.
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