Nous entrons dans la semaine la plus sacrée de l'année.
L'entrée à Jérusalem est un prélude
joyeux et glorieux aux douloureuses humiliations que connaîtra
Jésus. Cette foule est heureuse d'accueillir celui dont
elle a appris tous les bienfaits, vis-à-vis des malades,
des infirmes, et même à Béthanie, vis-à-vis
de Lazare qu'il ressuscita.
ACCUEILLIR LA JOIE QUOTIDIENNE
Beaucoup de ceux qui se pressent autour du Christ dans les
rues de Jérusalem sont sincères dans leurs
chants et leurs acclamations. Même si quelque jours
plus tard, certains d'entre eux suivront les conseils des
chefs et des responsables, pour forcer Pilate à décider
que Jésus soit crucifié.
La fête est toujours fulgurance d'un moment, explosion
d'un instant. Elle dévoile toujours la beauté et
la vitalité de tout être à l'égard
des autres, même si elle est toujours fugitive, parce
qu'humaine. Cela le Seigneur la sait, lui qui connaît
le coeur des hommes. Mais il ne refuse pas cette joie populaire,
d'autant qu'elle est sans arrière-pensée, à la
différence de ceux qui trament, dans l'ombre, le scénario
qui conduira à l'arrestation et à la mort de
Jésus.
Nous aussi, dès le premier jour de cette semane sainte,
nous devons accueillir Jésus, accepter comme souveraine
sa volonté sur nous, comme lui-même à cette
heure d'un triomphe passager accueille la volonté de
son Père.
ALLER AU DEVANT DE LUI
"Voici que vient ton Roi", avait dit le prophète
Zacharie (9. 9 à 15). Les matines de la liturgie byzantine
nous invitent à aller nous aussi, comme les gens de
Jérusalem, au-devant du Roi qui vient : " Venons
avec des branches louer le Christ, notre Maître ...
Le Seigneur notre Dieu est apparu ; célébrons
la fête, réjouissons-nous et exaltons le Christ.
De même que les rameaux et les branches, élevons
nos voix vers lui dans la louange."
A nous de vivre cette fête en toute vérité,
en toute humilité en raison même des retournements
si fréquents de notre donation à la volonté de
Dieu.
Les palmes expriment la victoire et l'olivier exprime la
paix. Allons au-devant de Jésus en rendant hommage à la
fois à sa force et à sa miséricorde,
en lui offrant nos victoires qui sont, en fait, ses victoires,
sur nous-mêmes et sur le péché.
ILS ETENDIRENT LEURS VETEMENTS
Dans l'enthousiasme, ils lui font un véritable tapis
d'honneur, avec leurs propres vêtements. Et ils ne
devaient pas être bien riches. C'est peut-être
pour cela qu'ils les mettent sur son chemin. Les riches tiennent
trop à leurs affaires pour les offrir ainsi.
Jetons, nous aussi nos vêtements, nos possessions,
notre sécurité, nos fausses apparences. Que
le Christ triomphe en nos vies, qu'il foule de ses pieds
tout ce qui est à nous. Que tout ce qui nous est précieux
lui soit soumis et offert.
Suis-je capable de dire en vérité :" Béni
soit celui qui vient au nom du Seigneur ! " Cette phrase
exprime-t-elle un élan de tout mon être vers
ce Roi qui entre dans ma vie et que désormais j'accepte,
quoi qu'il me demande ?
A chaque célébration eucharistique, ces mêmes
paroles éclatent après l'hymne d'action de
grâces qu'est la préface. "Béni
soit celui qui vient dans ma vie, au nom du Seigneur ! " Même
si ce n'est pas toujours facile de lui laisser cette place
en sa totalité, je sais bien que ce dérangement,
qui est un appel à sacrifier ma vie pour lui, est,
non pas un signe de domination, mais un signe d'amour : " Je
ne vous appelle plus serviteurs, mais amis." (Jean 15.
15)
"Mes amis." Parce qu'il vient partager l'humilité de
ce que nous sommes, pour que nous prenions part à ce
qu'il est, lui qui vient "au nom du Seigneur ! "
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